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Cap Féret, blog sur le footballeur Julien Féret
18 juillet 2016

Julien Féret, son je est joueur (portrait L'Equipe)

feret son je est joueur

par Pierre-Etienne Minonzio
Samedi 17 octobre 2015

Le milieu offensif, décisif dans le bon début de saison de Caen, en déplacement à Reims ce soir, a dû adapter sa nature aux exigences d'un haut niveau découvert tardivement.

DE NOTRE ENVOYé SPéCIAL

CAEN – La poignée de main est franche, tout autant que l'aveu qui suit. « Si on pouvait faire vite, ça m'arrangerait, parce qu'on est mercredi et il faut que j'emmène mes enfants au sport cet après-midi… » On était fin septembre, sur le point d'interviewer Julien Féret dans une salle de réunion anonyme au siège du Stade Malherbe de Caen.

Et ce court préambule révélait à quel point le meneur de jeu de trente-trois ans, au style vestimentaire sobre (pantalon marron et veste noire), ne goûte guère les obligations médiatiques. « Moins on parle de lui, mieux il se porte, nous avait prévenu son ami Frédéric Marquet, avec qui il a évolué dans les équipes de jeunes de Saint-Brieuc. Quand il était passé au ­Canal Football Club, ça se voyait qu'il prenait sur lui… » C'est que Féret fait partie de ces footballeurs guidés par une passion pure pour le jeu, qui ne se sentent jamais aussi bien qu'avec des crampons sur une pelouse.

Au centre, je ne me rendais pas vraiment compte de ce qu'il se passait : c'était un peu la guerre entre les joueurs pour devenir pro et moi je m'en foutais, tout ce qui m'intéressait, c'était de jouer”

Ces derniers temps, sa joie de jouer est d'ailleurs contagieuse : il participe grandement de l'excellent classement de Caen (troisième), moins par ses statistiques (un but et deux passes décisives) que par sa capacité à régner sur le milieu de terrain. Au point que son coéquipier tunisien Alaeddine Yahia le surnomme « le Magicien ». Rémy Vercoutre, le gardien caennais, ne cache pas non plus son admiration : « Le coach répète souvent à l'équipe : “C'est simple : récupérez le ballon et donnez-le à Julien.'' C'est une boutade, mais ça dit bien l'importance qu'il a dans le groupe. » L'entraîneur qui lui fait aujourd'hui une confiance aveugle, c'est Patrice Garande. Le technicien normand connaît parfaitement Féret pour l'avoir dirigé en National à Cherbourg en 2003-2004, alors qu'il sortait d'une expérience traumatique à Rennes : le meneur n'avait pas été conservé après deux années passées au centre de formation.

Quand on l'interroge sur cette période, le « Magicien » baisse légèrement la tête. « Au centre, je ne me rendais pas vraiment compte de ce qu'il se passait : c'était un peu la guerre entre les joueurs pour devenir pro et moi je m'en foutais, tout ce qui m'intéressait, c'était de jouer. Sauf que je jouais à l'instinct, il me manquait de la niaque, de l'envie… » Frédéric Marquet se souvient d'un adolescent surdoué techniquement mais guère investi dans les tâches défensives. « Un chef d'orchestre qui descendait rarement de son estrade », résume-t-il joliment. Après l'échec rennais, et jusqu'à sa découverte de l'élite en 2008 avec Nancy, à l'âge de vingt-six ans, Féret n'a cessé de faire évoluer son jeu, pour le rendre à la fois plus agressif et plus réfléchi, tout en conservant sa spontanéité d'esthète balle au pied. « Être un guerrier sur le terrain, ce n'est pas ma qualité première… C'est plutôt ma qualité dernière, lâche-t-il, en grattant sa barbiche poivre et sel. Mais j'ai bossé et désormais j'abats bien plus de boulot défensif qu'au début de ma carrière. En match, je replace même mes partenaires pour que notre pressing soit efficace… »

Le coach répète souvent à l'équipe :“C'est simple : récupérez le ballon et donnez-le à Julien.'' C'est une boutade, mais ça dit bien l'importance qu'il a dans le groupe”

RÉMY VERCOUTRE

Une évolution qui découle aussi du brassard qu'il porte depuis son arrivée à Caen, l'an dernier. Sans surprise, cet introverti cérébral a dû, selon son expression, « forcer [sa] nature » pour assumer ce statut de leader. « Je ne serai jamais un capitaine qui pousse un gros coup de gueule à la mi-temps, mais il m'arrive de prendre la parole pour améliorer des points précis de notre jeu. » Frédéric Antonetti, qui avait ponctuellement confié le capitanat à Féret quand il était revenu jouer à Rennes (2011-2014) confirme : « Julien sait remobiliser un groupe en parlant comme il joue, de manière juste. »

Pourtant, le milieu caennais avoue qu'il se sent parfois en décalage vis-à-vis de ses jeunes coéquipiers. « Je me rends compte qu'on n'a pas les mêmes envies, les mêmes hobbies… Un exemple : moi, dans le temps, quand je jouais à la PlayStation, c'était contre un pote ou contre l'ordinateur. Et, là, maintenant je les vois jouer en réseau avec la télé, les machins... ils se retrouvent à affronter des mecs qui vivent en Australie. C'est incroyable quand même. » Féret, pour se détendre, préfère… les mots croisés.

« C'est toujours intéressant de découvrir des nouveaux mots. Je fais beaucoup ceux de Ouest France, mais j'aime aussi ceux de TV Magazine qui sont faits par (Claude) Abitbol et qui sont très durs », confie-t-il dans un sourire gêné. C'était juste avant de nous quitter pour rejoindre ses enfants, manifestement satisfait de ne plus avoir à parler de lui.

Si Julien avait vraiment voulu jouer chez les Bleus, il aurait dû soigner ses stats. Mais ce n'est pas du tout son caractère. ”

DANIEL, SON PÈRE

Cette modestie explique peut-être pourquoi la mue qu'a opérée Féret en une douzaine d'années reste imparfaite. Car bien qu'il soit parvenu à s'adapter aux exigences du haut niveau, il n'a pas totalement confirmé les attentes élevées placées en lui. Celles-ci datent de l'époque où, entre 2010 et 2013, il a été préconvoqué une demi-douzaine de fois en équipe de France, par Laurent Blanc, puis par Didier Deschamps. « Si Julien avait vraiment voulu jouer chez les Bleus, il aurait dû soigner ses stats, affirme son père Daniel, ancien joueur du Stade Briochin. Mais ce n'est pas du tout son caractère. Souvent, quand il se retrouve en position de tir, je lui dis dans ma tête : “Vas-y frappe !'' mais non il fait une passe… » Depuis sa cage, Vercoutre est parfois lui aussi déconcerté par les choix de son meneur. « Je l'adore mais j'essaie de le tempérer. Contre (le GFC) Ajaccio (2-0, le 26 septembre), à un moment il était devant notre surface et il a fait un petit pont à un adversaire ! Ensuite, il m'a fait un clin d'oeil, d'un air de dire : “T'as vu, c'est passé !” » L'espace d'une action, il était ainsi redevenu Julien, le gamin insouciant de Saint-Brieuc qui n'aimait rien tant que d'épater ses potes avec son toucher de balle. Puis, le match contre Ajaccio reprenant ses droits, Féret a froncé les sourcils et il est reparti au pressing. Comme si la longue lutte contre lui-même que constitue sa carrière avait été résumée en une poignée de secondes.


Sa fiche

En bref

33 ans. 1,87 m / 76 kg. Club : Caen. Milieu de terrain.

Les chiffres

5: Le nombre de clubs professionnels dans lesquels il a évolué : deux en Ligue 2 (Niort et Reims) et trois en L 1 (Nancy, Rennes et Caen).

2009: L'année où il marque son plus beau but, avec Nancy, au Parc des Princes face au PSG (4-1), parvenant à lober Mickaël Landreau depuis la ligne de but après avoir pivoté sur lui-même.

 

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Mon commentaire: bel article, où l'on voit la belle personnalité de Julien Féret. Seulement, pour l'absence en l'Equipe de France, ce ne sont pas les performances de jeu de Féret qui sont en cause, mais une politique de snobisme des profils comme Julien. Il aurait largement mérité d'être sélectionné, vue la mentalité de certains joueurs internationaux qui n'ont pas fait honneur au maillot. Il l'aurait été malgré son âge et son parcours atypique. Il n'était aussi sûrement pas dans un club assez clinquant à l'époque (Nancy) pour mettre une pression sur sa sélection.

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